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Démocratie

posted in Droits Humains

Les femmes trainent encore le pas au Cameroun

Le combat est immense pour des leaders de la Société Civile Camerounaise. A peine 9% de femmes occupent des sièges de maire à la tête des communes du triangle national. La plateforme More Women in Politics veut renverser la tendance à travers le projet Démocratie au Féminin.

Démocratie
10 Septembre 2016, les services du gouverneur de la région du Littoral abondent de femmes. Elles répondent présent à ce rendez-vous, qui les interpelle sur leur participation à la vie politique. Le diagnostic est mauvais, d’après l’étude « Regards sur le Genre au Cameroun », publié par le Bureau Central de recensement de la population en 2014. Les femmes, 51% de la population Camerounaise, se font encore supplier pour participer à la vie politique nationale. Dans les mairies, comme au Sénat ou à l’Assemblée Nationale, les femmes sont en minorité dans les postes de pouvoir.
Les chiffres des échéances électorales de 2013, le démontrent. Si la proportion des femmes à l’Assemblée Nationale atteint 30%, le Sénat ne compte que 20% de femmes. Pour ce qui est des mairies, à l’issu des élections municipales de 2013, le pourcentage des femmes élues maires avoisine 8,6%. De sources officielles, sur 291 partis politiques enregistrés pour les échéances électorales de 2013, 13 partis politiques seulement étaient dirigées par une femme. « La démocratie représente une opportunité pour les femmes. Tout comme, les femmes sont une chance pour la démocratie », déclare avec conviction la coordonnatrice de la plateforme More Women in Politics, Justine Diffo Tchunkam. Cette activiste des Droits des femmes plaide pour une plus grande participation des femmes à la vie politique au Cameroun.  
Ce qui coince
Au Cameroun comme dans plusieurs autres pays d’Afrique Subsaharienne, de nombreux obstacles freinent une plus grande participation des femmes à la vie politique. Des stéréotypes demeurent. « Ils résultent d’un formatage social des comportements et des attitudes discriminatoires à l’égard du sexe féminin », relève l’étude Regards sur le Genre au Cameroun publié par le Bucrep en 2014. Ainsi, l’une de ces idées reçues, très répandue, considèrent que la femme est inférieure à l’homme. On observe donc « l'absence d'ambition politique des femmes, avec la conviction que la politique est l'apanage des hommes, les croyances et stéréotypes socio-culturels et religieux, ainsi que les traditions favorisant une prédominance du rôle de mère, ménagère et épouse sur celui de citoyenne », précise la plateforme More Women in Politics.
La législation aussi ne renferme pas suffisamment des mesures incitatives en faveur de la participation des femmes. Certes, le Code électoral et les diverses lois sur les partis politiques précisent que la capacité électorale et des conditions d’éligibilité sont les mêmes pour les hommes et les femmes. Mais, des spécialistes des questions de genre citent, l'exigence d'une caution, les pratiques discriminatoires au sein des partis, et l'illettrisme politique des femmes comme de réelles pesanteurs.
Améliorer le cadre juridique
            More Women in politics constate que le code électoral camerounais contient un flou au niveau des dispositions liées à la prise en compte du genre. L’Article 171 du Code électoral précise que la constitution de chaque liste de conseillers municipaux doit tenir compte des différentes composantes sociologiques de la commune concernée et du genre. Seulement, ledit Code insiste sur la prise en compte des composantes sociologiques et du genre, « sans spécifier à quoi renvoi le genre », déplore le Professeur Justine Diffo. Pour l’activiste, une ordonnance du Chef de l’Etat,  devrait apporter des précisions sur les modalités d’application et du respect de la prise en compte du genre. Et la coordonnatrice de more women in politics propose déjà une formulation. « La composition de toutes les candidatures des titulaires doit tenir compte des différentes composantes sociologiques mais également des 30% au moins des candidats titulaires des deux sexes, de façon alternée et bloquée. C'est à dire un homme - une femme, une femme - un homme. Si les listes ne respectent pas ces instructions, elles seront rejetées », martèle l’activiste.
Un point de vue que partagent des femmes parlementaires. C’est le cas de Marilyse Douala Bell, député à l’Assemblée Nationale. Elle soutient que la révision du cadre juridique représente une opportunité de visibilité pour les femmes. « Que le point sur le genre soit clarifié pour donner des chances aux femmes d'être plus visibles à l'Assemblée Nationale et au sein des exécutifs communaux ». En effet, la loi contraint les partis impliqués à respecter les quotas prévus. De plus, elle rassure les femmes comme le précise la coordonnatrice de More Women in Politics, Justine Diffo. « S'agissant des femmes, le cadre juridique va les faire grandir en confiance. Elles sauront désormais que leur participation est prise au sérieux et elles s'engageront mieux et elles décideront davantage d'être candidates », affirme la coordonnatrice de More Women in Politics.
Une lueur d’espoir
Pour garantir une meilleure participation des femmes aux prochaines échéances électorales, plusieurs Ong Camerounaises se mobilisent autour du projet Démocratie au Féminin. L’activité concerne sept régions du Cameroun et 20 communes sont ciblées. Un objectif guide More Women in Politics et des organisations nationales partenaires au projet : développer une culture démocratique et citoyenne chez 500 000 femmes en prélude aux élections de 2018. A terme, cette plateforme veut convertir le poids démographique des femmes en poids politique. Ces actions visent également à inciter le Cameroun à respecter les engagements pris au niveau Africain et international. Le protocole de Maputo, ratifié par le Cameroun, garantit aux femmes le droit de participation au processus politique. L’article 9 de ce protocole de la Charte Africaine relatif aux Droits des femmes, stipule que « les Etats prennent des actions positives spécifiques pour promouvoir la gouvernance participative et la participation paritaire des femmes dans la vie politique de leurs pays ».
Le plus gros challenge de More Women in Politics aujourd’hui, c’est d’avoir au moins 30% de femmes à la tête des mairies du Cameroun au terme des prochaines élections municipales.
Madeleine NGEUNGA
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